Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/392

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prendre le parti socialiste si, dans un avenir prochain, il conquiert une influence suffisante sur la législation ?


C’est, écrit Liebknecht, une question qui est posée et à laquelle je veux répondre. Mais pour bien répondre à une question, il faut d’abord la bien poser. Or, la question précédente n’est pas bien posée, elle n’est pas du moins assez précise. Il va de soi, en effet, que les mesures à prendre dépendent essentiellement des circonstances dans lesquelles le parti socialiste conquiert une influence appréciable sur la législation. Il est possible, et c’est même très vraisemblable, que le prince de Bismarck, s’il reste encore quelque temps vivant et au pouvoir, fasse la même fin que son modèle et maître Louis-Napoléon de France. Quelque catastrophe amenée par lui peut briser la machine de l’État et appeler notre parti au gouvernement ou tout au moins dans le gouvernement.


Je traduis aussi littéralement que possible. Cela signifie que Liebknecht prévoit, après une grande catastrophe nationale, la prise de possession totale ou partielle du pouvoir par le parti socialiste.


Cette catastrophe peut être la suite d’une guerre malheureuse ou d’une explosion de mécontentement que le système dominant ne pourra plus comprimer. si l’une ou l’autre de ces alternatives se produit, notre parti prendra naturellement d’autres mesures et suivra une autre tactique que si c’est sans une telle catastrophe qu’il conquiert une influence appréciable.

il est permis de penser, quoiqu’il ne faille guère y compter, que dans les hautes sphères on comprendra le danger et qu’on essaiera, par l’entrée en scène de réformes intelligentes, de prévenir une catastrophe autrement inévitable.