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« ÉLARGIR, NON RESSERRER »


Il y a bien des contradictions dans la pensée de Liebknecht. J’imagine que dans son esprit, comme dans l’esprit de beaucoup de socialistes de la première heure, il y avait lutte entre les formules intransigeantes du début et les nécessités nouvelles du parti agrandi, et que dans cette lutte il ne parvenait pas toujours à se fixer.

Liebknecht avait commencé par être un révolutionnaire antiparlementaire. il avait dit et écrit que le parlement était un marais où s’enfonceraient les énergies socialistes. Il avait écrit que même pour la propagande, la tribune du parlement était inutile, car la propagande se faisait bien mieux dans le pays même. Quand la force des choses et la croissance du parti obligèrent Liebknecht à dépouiller ces formules, quand lui et ses amis entrèrent au parlement, il garda pourtant quelque souvenir de son intransigeance première. Il rappelle, dans les fragments cités par le Vorwaerts, qu’il s’opposa à ce que le groupe socialiste fût représenté par un délégué dans la « commission des doyens », qui règle