Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/419

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Nous avons des devoirs de l’État envers les individus une plus haute idée que nos adversaires, et nous n’en dévierons pas, même si ce sont des adversaires que nous avons en face de nous.


Je ne cite point ces magnifiques paroles pour couvrir d’une autorité révolutionnaire la politique socialiste que j’ai en vue. Le Parti socialiste serait bien misérable et bien lâche si chacun de nous n’y disait pas toute sa pensée sans autre recours qu’à la raison.

Non, nous n’avons pas besoin de l’autorité de personne, de la protection de personne, pour chercher tout haut, avec le prolétariat lui-même, quelle est la route qui convient le mieux, quel est le chemin le plus large, le plus lumineux, le plus doux et le plus rapide.

Et à vrai dire, je crois que dans l’esprit même de Liebknecht, ces grandes idées si nobles et si pratiques tout ensemble étaient contrecarrées et obscurcies par trop d’idées différentes ou même opposées pour qu’elles aient pu agir utilement et profondément. Je crois que l’heure est venue de les méditer et d’en faire non plus l’heureux et brillant accessoire, mais le fond même et la substance de notre politique et de notre pensée. Je crois que si le parti socialiste ne laissait pas ces grandes pensées à l’état de formule générale, s’il les réalisait en un