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LES RAISONS


j’ai montré, et cela est l’évidence même, que la révolution de 1789 n’avait abouti que par la volonté de l’immense majorité de la nation. Et j’ai dit qu’à plus forte raison, pour l’accomplissement de la Révolution socialiste, il faudra l’immense majorité de la nation. J’espère bien, en constatant la grandeur de l’effort nécessaire, ne point décourager, mais animer au contraire les énergies et les consciences. D’ailleurs, si l’œuvre à accomplir est immense et suppose le concours d’innombrables volontés, je démontrerai aussi qu’immenses sont les ressources et les forces, et qu’il dépend de nous d’aller au but d’une marche certaine et victorieuse. Mais je dis que l’effort véhément d’une minorité socialiste ne suffirait pas et que nous devons rallier à nous la presque unanimité des citoyens. Voici pourquoi :

d’abord, ce n’est pas en face d’une masse inerte et passive que se trouverait la minorité socialiste révolutionnaire. Depuis cent vingt ans, depuis la révolution, les énergies humaines, déjà excitées par la réforme et la renaissance, ont été animées prodigieusement. Dans toutes les classes, dans toutes les conditions, il y a des volontés actives,