Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/431

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si elle n’était pas, en un mot, capable d’assurer le fonctionnement d’un système social nouveau, elle tomberait dans un abîme de désordre et de misère, et la Révolution serait perdue en un jour. Mais ce système social nouveau, ce ne peut être une minorité qui le crée et qui l’inspire. Il ne peut fonctionner qu’avec le consentement de l’immense majorité des citoyens. Et c’est la majorité des citoyens qui en multipliera peu à peu les ébauches et les germes. C’est elle qui, du chaos capitaliste, fera surgir graduellement des types variés de propriété sociale, coopérative, communale et corporative, et elle n’abattra les derniers pans du système capitaliste que lorsque les fondements de l’ordre socialiste seront assurés, lorsque l’édifice nouveau pourra mettre les hommes à l’abri. À cette œuvre immense de construction sociale, c’est l’immense majorité des citoyens qui doit concourir.

Qu’on n’oublie pas le caractère nouveau et grandiose de la révolution socialiste. Elle sera faite pour tous. Pour la première fois depuis l’origine de l’histoire humaine, un grand changement social aura pour objet non pas la substitution d’une classe à une autre, mais la destruction des classes, l’avènement de la commune humanité.

Dans l’ordre socialiste, ce n’est pas l’autorité