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GRÈVE GÉNÉRALE ET RÉVOLUTION


Quand on parle de grève générale, il faut commencer par bien définir le sens des mots. Il ne s’agit pas, bien entendu, de la grève générale d’une seule corporation. Par exemple, quand les ouvriers mineurs de toute la France, décident, à la majorité, qu’il y a lieu pour eux de se mettre en grève pour obtenir la journée de huit heures, une pension de retraite plus élevée et un minimum de salaires, c’est une grève très importante, et on peut l’appeler la grève générale des ouvriers mineurs. Mais ce n’est point là ce qu’entendent, par la grève générale, ceux qui y voient l’instrument décisif d’émancipation. Il ne s’agit point, dans leur pensée, d’un mouvement restreint à une corporation, si vaste soit-elle. D’autre part, il serait puéril de dire qu’il n’y aura grève générale que si la totalité des salariés, dans toutes les catégories de la production, cesse simultanément le travail. La classe ouvrière est trop dispersée pour qu’une pareille unanimité de grève soit possible et même concevable.

Mais le mot de grève générale a un autre sens, très précis à la fois et très étendu. Il signifie que les corporations les plus importantes, celles qui