Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/447

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combat révolutionnaire. Par le souffrance, par la misère, par les inévitables conflits qui mettront aux prises, en bien des points, la force ouvrière et la force capitaliste, les esprits s'animeront, les justes colères s'enflammeront, et même cette partie du prolétariat qui aurait reculé avant l'ouverture de la grève devant l'emploi systématique de la force, sera peu à peu, au feu des événements, de la lutte et de la souffrance, portée à la température révolutionnaire. Dès lors, le vieux monde fera explosion. »

Voilà bien, si l’on va au fond, la conception et l’espoir d’un certain nombre de ceux qui voient dans la grève générale un moyen de révolution. Elle est dans leur pensée une méthode d’entraînement révolutionnaire, appliquée à un prolétariat dont trop de forces resteraient inertes sans l’excitation brutale des événements.

On ne dit plus aux prolétaires : prenez votre fusil. Mais on croit que la grève générale, d’abord légale, sera conduite bientôt à s’armer du fusil ou de tout autre appareil de force. Ainsi, on compte sur la force révolutionnaire des événements pour suppléer ou pour compléter l’insuffisante force révolutionnaire des hommes.

J’ai bien le droit de dire qu’il y a là un artifice de