Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/454

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à Versailles, que les forces conservatrices fussent entrées en branle. Et elles ne tarderaient pas à y entrer spontanément. Qu’on n’oublie pas qu’aujourd’hui, avec les sociétés de tir et de gymnastique où dominent tant d’influences réactionnaires, avec les habitudes de sport de la haute et moyenne bourgeoisie, avec l’entraînement militaire des classes possédantes, les privilégiés, les bourgeois, les capitalistes petits et grands, les boutiquiers exaspérés seraient capables même d’une action physique très vigoureuse.


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Et pendant ce temps, que ferait la révolution ? Dans les régions où elle aurait paru d’abord victorieuse, elle ne pourrait que se dévorer sur place, et s’épuiser en d’inutiles violences. Les révolutions libérales ou démocratiques de 1830 et de 1848 avaient un but très précis : renverser le pouvoir central et le remplacer. Les coups révolutionnaires de Blanqui étaient toujours calculés pour frapper à la tête et au cœur. Il ne disséminait pas ses forces ; il les concentrait au contraire pour les porter en quelques points vitaux du système politique gouvernemental.

La méthode révolutionnaire de la grève générale est toute contraire. Précisément parce qu’elle donne