Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/466

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travailleurs soient appelés pour leur part à le diriger, il faut qu’ils participent au gouvernement économique de l’atelier, comme ils participent par le suffrage universel au gouvernement politique de la cité. Or, les prolétaires jouent, dans l’organisation capitaliste du travail, un rôle passif. Ils ne décident point, ils ne contribuent point à décider quel travail sera fait, quel emploi sera donné aux énergies disponibles. C’est sans les consulter, c’est souvent à leur insu que le capital créé par eux suscite ou abandonne telle ou telle entreprise. Ils sont les manœuvres du système capitaliste, chargés seulement d’exécuter les plans que le capital détermine seul. Et ces entreprises conçues, voulues par le capital, c’est sous la direction de chefs élus par le capital que les prolétaires les accomplissent. Ainsi, les travailleurs ne concourent ni à déterminer le but du travail, ni à régler le mécanisme d’autorité sous lequel le travail s’exécute. C’est dire que le travail est doublement serf, puisqu’il va à des fins qu’il n’a point voulues, par des moyens qu’il n’a point choisis. Ainsi, le même système capitaliste qui exploite la force de travail de l’ouvrier, attente à la liberté du travailleur. Et la personnalité du prolétaire est diminuée, comme sa subsistance.

Mais ce n’est pas tout. La classe capitaliste et