Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/479

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sa force, il prend confiance en lui-même, et il finit par se dire, avec Babeuf, qu’ayant créé une puissance commune, celle de la nation, il doit s’en servir pour fonder le bonheur commun.

Ainsi, par l’action des prolétaires, le communisme cesse d’être une vague spéculation philosophique pour devenir un parti, une force vivante. Ainsi, le socialisme surgit de la révolution française sous l’action combinée de deux forces : la force de l’idée du droit, la force de l’action prolétarienne naissante. Il n’est donc pas une utopie abstraite. Il jaillit au point le plus bouillonnant, le plus effervescent des sources chaudes de la vie moderne.

Mais voici qu’après bien des épreuves, des victoires partielles et des chutes, à travers la diversité des régimes politiques, le nouvel ordre bourgeois créé par la révolution se développe. Voici que sous l’empire, sous la restauration, le système économique de la bourgeoisie, fondé sur la concurrence illimitée, commence à produire ses effets : accroissement incontestable de richesse, mais immoralité, ruse, perpétuel combat, désordre et oppression. — Le trait de génie de Fourier fut de concevoir qu’il était possible de remédier au désordre, d’épurer et d’ordonner le système social sans gêner la production des richesses, mais, au contraire, en l’accroissant.