Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/291

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Dans les cieux où la nuit a déployé ses voiles,
La lune est moins pompeuse en sa robe d’argent,
Lors même qu’au milieu de son cours diligent
Sa plus vive clarté fait pâlir les étoiles.
La princesse, admirant ce merveilleux habit,
Était à consentir presque délibérée ;
Mais, par sa marraine inspirée,
Au prince amoureux elle dit :
Je ne saurais être contente
Que je n’aie une robe encore plus brillante,
Et de la couleur du soleil.

Le prince, qui l’aimait d’un amour sans pareil,
Fit venir aussitôt un riche lapidaire,
Et lui commanda de la faire
D’un superbe tissu d’or et de diamans,
Disant que s’il manquait à le bien satisfaire,
Il le ferait mourir au milieu des tourmens.
Le prince fut exempt de s’en donner la peine ;
Car l’ouvrier industrieux,
Avant la fin de la semaine,
Fit apporter l’ouvrage précieux,
Si beau, si vif, si radieux,
Que le blond amant de Climène,
Lorsque sous la voûte des cieux,
Dans son char d’or il se promène,
D’un plus brillant éclat n’éblouit pas les yeux.

L’infante, que ces dons achèvent de confondre,
À son père, à son roi ne sait plus que répondre.
Sa marraine aussitôt la prenant par la main ;
Il ne faut pas, lui dit-elle à l’oreille,
Demeurer en si beau chemin.