Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/311

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Malgré leur fureur et leurs armes
Lui donnaient encor moins d’alarmes
Que le sexe charmant qu’il évitait toujours.

Cependant ses sujets que leur intérêt presse
De s’assurer d’un successeur
Qui les gouverne un jour avec même douceur,
À leur donner un fils le conviaient sans cesse.
Un jour dans le Palais ils vinrent tous en corps
Pour faire leurs derniers efforts ;
Un Orateur d’une grave apparence,
Et le meilleur qui fût alors,
Dit tout ce qu’on peut dire en pareille occurrence.
Il marqua leur désir pressant
De voir sortir du Prince une heureuse lignée
Qui rendît à jamais leur État florissant ;
Il lui dit même en finissant
Qu’il voyait un Astre naissant
Issu de son chaste hyménée
Qui faisait pâlir le Croissant.

D’un ton plus simple et d’une voix moins forte,
Le Prince à ses sujets répondit de la sorte

Le zèle ardent, dont je vois qu’en ce jour
Vous me portez aux nœuds du mariage,
Me fait plaisir et m’est de votre amour
Un agréable témoignage ;
J’en suis sensiblement touché,
Et voudrais dès demain pouvoir vous satisfaire
Mais à mon sens l’hymen est une affaire
Où plus l’homme est prudent, plus il est empêché.

Observez bien toutes les jeunes filles ;
Tant qu’elles sont au sein de leurs familles,