Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/321

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La noce où vous allez, et dont je suis l’Epoux,
Ne saurait se faire sans vous.

Oui, je vous aime, et je vous ai choisie
Entre mille jeunes beautés,
Pour passer avec vous le reste de ma vie,
Si toutefois mes vœux ne sont pas rejetés.
Ah ! dit-elle, Seigneur je n’ai garde de croire
Que je sois destinée à ce comble de gloire ;
Vous cherchez à vous divertir.
Non, non, dit-il, je suis sincère,
J’ai déjà pour moi votre Père
(Le Prince avait eu soin de l’en faire avertir).
Daignez, Bergère, y consentir,
C’est là tout ce qui reste à faire.
Mais afin qu’entre nous une solide paix
Éternellement se maintienne,
Il faudrait me jurer que vous n’aurez jamais
D’autre volonté que la mienne.

Je le jure, dit-elle, et je vous le promets ;
Si j’avais épousé le moindre du Village,
J’obéirais, son joug me serait doux ;
Hélas ! combien donc davantage,
Si je viens à trouver en vous
Et mon Seigneur et mon Epoux.

Ainsi le Prince se déclare,
Et pendant que la Cour applaudit à son choix,
Il porte la Bergère à souffrir qu’on la pare
Des ornements qu’on donne aux Épouses des Rois.
Celles qu’à cet emploi leur devoir intéresse
Entrent dans la cabane, et là diligemment