Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/403

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défendre d’un champ trois sillons usurpés ;
Qu’instruits dans la coutume, ils mettent leur étude
À prouver d’un égout la juste servitude,
Ou qu’en riche appareil, la force de leur art
Éclate à soutenir les droits de Jean Maillart.
Si leur haute éloquence, en ses démarches fières,
Refuse de descendre à ces viles matières,
Que nos grands orateurs soient assez fortunés
Pour défendre, comme eux, des clients couronnés,
Ou qu’un grand peuple en foule accoure les entendre,
Pour déclarer la guerre au père d’Alexandre,
Plus qu’eux peut-être alors diserts et véhéments,
Ils donneraient l’essor aux plus grands mouvements ;
Et si, pendant le cours d’une longue audience,
Malgré les traits hardis de leur vive éloquence,
On voit nos vieux Catons sur leurs riches tapis,
Tranquilles auditeurs et souvent assoupis,
On pourrait voir alors, au milieu d’une place,
S’émouvoir, s’écrier l’ardente populace.


Ainsi, quand sous l’effort des autans irrités,
Les paisibles étangs sont à peine agités,
Les moindres aquilons, sur les plaines salées,
Élèvent jusqu’aux cieux les vagues ébranlées.


Père de tous les arts, à qui du dieu des vers
Les mystères profonds ont été découverts,
Vaste et puissant génie, inimitable Homère,
D’un respect infini ma muse te révère.