Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/407

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Venez, et dites-nous, agréable Peinture
Ces peintres si fameux des siècles plus âgés,
De talents inouïs furent-ils partagés ;
Et le doit-on juger par les rares merveilles
Dont leurs adorateurs remplissent nos oreilles
Faut-il un si grand art pour tromper un oiseau !
Un peintre est-il parfait pour bien peindre un rideau ?
Et fut-ce un coup de l’art si digne qu’on l’honore,
De fendre un mince trait, d’un trait plus mince encore.
À peine maintenant ces exploits singuliers
Seraient le coup d’essai des moindres écoliers.
Ces peintres commençants, dans le peu qu’ils apprirent,
N’en surent guère plus que ceux qui les admirent.


Dans le siècle passé, des hommes excellents
Possédaient, il est vrai, vos plus riches talents ;
L’illustre Raphaël, cet immense génie,
Pour peindre, eut une force, une grâce infinie ;
Et tout ce que forma l’adresse de sa main,
Porte un air noble et grand, qui semble plus qu’humain.
Après lui s’éleva son école savante,
Et celle des Lombards à l’envi triomphante.
De ces maitres de l’art, les tableaux précieux
Seront, dans tous les temps, le doux charme des yeux.
De votre art cependant le secret le plus rare,
Ne leur fut départi que d’une main avare
Le plus docte d’entr’eux ne sut que faiblement,
Du clair et de l’obscur l’heureux ménagement.
On ne rencontre point, dans leur simple manière,
Le merveilleux effet de ce point de lumière,
Qui, sur un seul endroit, vif et resplendissant,
Va, de tous les côtés, toujours s’affaiblissant,