Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/408

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Qui, de divers objets que le sujet assemble,
Par le nœud des couleurs ne fait qu’un tout ensemble,
Et présente à nos yeux l’exacte vérité
Dans toute la douceur de sa naïveté.
Souvent, sans nul égard du changement sensible
Que fait de l’air épais la masse imperceptible,
Les plus faibles lointains et les plus effacés
Sont comme les devants distinctement tracés ;
Ne sachant pas encor qu’un peintre, en ses ouvrages,
Des objets éloignés doit former les images,
Lorsque confusément son œil les aperçoit,
Non telles qu’elles sont, mais telles qu’il les voit.
C’est par là que Le Brun, toujours inimitable,
Donne à tout ce qu’il fait un air si véritable,
Et que, dans l’avenir, ses ouvrages fameux
Seront l’étonnement de nos derniers neveux.


Non loin du beau séjour de l’aimable peinture,
Habite pour jamais la tardive sculpture ;
Près d’elle est la Vénus, l’Hercule, l’Apollon,
Le Bacchus, le Lantin et le Laocoon,
Chefs-d’œuvre de son art, choisis entre dix mille ;
Leurs divines beautés me rendent immobile,
Et souvent interdit, il me semble les voir
Respirer comme nous, parler et se mouvoir.
C’est ici, je l’avoue, où l’audace est extrême,
De soutenir encor mon surprenant problème ;
Mais si l’art, qui jamais ne se peut contenter,
Découvre des défauts qu’on leur peut imputer,
Si du Laocoon la taille vénérable,
De celle de ses fils est par trop dissemblable,
Et si les moites corps des serpents inhumains,