Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/17

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raires et scientifiques ; on s’occupait fort de curiosités, d’art, d’antiquités, de raretés, de voyages, de géographie, d’histoire. Parmi les correspondants ou les compagnons de voyage de Charles De Brosses, on distingue bien des Dijonnais de ce temps qui en remontreraient, par leurs connaissances, aux Parisiens les plus instruits de nos jours. Je ne parle pas de Sainte-Palaye, déjà membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ; mais je puis citer Legouz de Gerland, grand-bailli d’épée du Dijonnais, et Guy de Migieu, conseiller au parlement de Bourgogne. Le premier a fondé dans sa ville natale un jardin botanique et des prix pour l’école gratuite des Beaux-Arts ; le second a laissé un cabinet d’antiquités qui fait partie maintenant du Musée de Lyon. Les autres se classent d’eux-mêmes par cette simple raison qu’ils ont mérité de correspondre avec De Brosses. Les dames, telles que madame Courtois de Quincey, madame de Bourbonne, fille du président Bouhier, etc., se recommandent aussi par cela seul qu’elles sont capables de tenir le dé de la conversation avec De Brosses, tandis que celui-ci leur écrit de Gènes, de Milan, de Rome, de Naples, de Venise, à propos de beaux-arts, de gouvernement, de mœurs, de religion, de philosophie, de spectacles. Chaque lettre qui ne leur est pas adressée leur est communiquée, et l’on voit fort bien qu’elles en glosent, qu’elles la discutent, et que Charles De Brosses serait fort désolé qu’il en fût autrement.

Telle est la société qui forma De Brosses : elle eut presque exclusivement l’agrément et le profit de cette belle éducation, où les sciences les plus graves n’eurent jamais plus de poids ni plus d’importance que des jeux d’esprit. À part quelques voyages à Paris et sa promenade au-delà des Alpes, l’existence de De Brosses s’écoula presque tout entière au milieu de ses bons Dijonnais, entre l’hôtel du parlement et l’hôtel de Saint-Mesmin. Sa biographie sera complète quand nous aurons dit que, reçu conseiller en 1730, président à mortier en 1741, il devint premier président en 1775. Dans l’intervalle, il avait été nommé membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Le