Page:Charles de Brosses - Lettres familières écrites d’Italie - ed Poulet-Malassis 1858.djvu/21

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rité, de monter dans sa chaise de poste pour refaire avec lui le voyage d’Italie.

Aujourd’hui encore, on peut répéter au lecteur les propres mots de sa première lettre : « Routes, situations, villes, églises, nullement intéressants, vous aurez tout. »

Seulement, ce qui au xviiie siècle pouvait passer pour détails inutiles et pour faits nullement intéressants, nous est devenu maintenant extrêmement précieux au point de vue de la perspective historique.

Des deux éditions qui ont été publiées jusqu’ici, la première est inexacte, incomplète et sans nom d’auteur. Elle provient d’une copie, fort mauvaise sans doute, qui, sous la Révolution, tomba dans les mains de Séryès, commis à la garde des papiers saisis dans les bibliothèques d’émigrés. Puisque la famille De Brosses regrette encore l’indiscrétion de Séryès, le public est bien forcé de se réjouir de cette indiscrétion. L’édition fautive, publiée en l’an VII et en trois volumes, chez Ponthieu, nous a valu l’édition de 1835, que sans ce maudit Séryès nous n’aurions jamais eue. Celle-ci a été faite avec l’agrément et même avec la collaboration de la famille, puisqu’on y peut lire, après l’introduction de M. R. Colomb, une notice de M. le comte Ernest De Brosses, petit-fils du président. La notice, du reste, a tout juste la valeur de l’introduction : détails inutiles, faits nullement intéressants, comme dirait De Brosses ! De la rhétorique, et encore de la rhétorique ; aucune vue philosophique ou littéraire ; un joli portrait à la première page, mais un portrait sans interprétation. Quant à l’édition en elle-même, je me permettrai de la trouver un peu trop dépourvue de notes. Le nouveau titre L’Italie il y a cent ans, n’est pas heureux ; c’est une affiche prétentieuse qui fait regretter la simplicité du titre primitif, Lettres familières écrites d’Italie. Après une annonce aussi pompeuse, on s’attend pour le moins à une sorte de traité sur l’Italie, dans le genre de l’ouvrage de M. de Tocqueville sur l’Amérique du Nord. Ah ! le tact ! ah ! le goût !… Comment M. le