Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
HISTOIRE

tumées à leur obéir, et investirent tout à coup le palais. L’empereur envoya son beau-père pour voir de quoi il s’agissait. Dès que ce seigneur parut sur le pont, les deux chefs de la révolte s’approchèrent, et lui remirent un billet pour son gendre. Il l’ouvrit, et voyant qu’on y demandait sa tête et celle de l’impératrice sa fille, il fit aux deux traîtres les reproches les plus sanglants, mit le billet en pièces, entra chez l’empereur, et, pour lui faire comprendre que tout était désespéré, il se fendit le ventre, et tomba mort à ses pieds. Alors les conjurés mirent le feu au palais ; l’empereur, à la tête de deux cents gardes et de quelques gentilshommes, tenta de s’ouvrir un passage, mais il vit tomber tous ses derniers défenseurs autour de lui, et, se trouvant lui-même couvert de blessures, il se fendit le ventre. Un page de quatorze ans montra un courage extraordinaire ; les rebelles, admirant sa valeur, voulaient le prendre vivant ; mais il s’avance vers les chefs comme pour leur parler, leur reproche leur ingratitude et leur perfidie, jette son épée, saisit son poignard, s’en ouvre le ventre en croix, puis se l’enfonce dans la gorge, et va expirer sur le corps de l’empereur.

Le pillage du palais suivit cette scène de carnage, et toute la famille impériale fut immolée.