Page:Charlevoix - Histoire et description du Japon.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
HISTOIRE

d’abord assez heureuses. Les régents s’emparèrent de Fucimi, et la forteresse de cette ville fut réduite en cendres avec le magnifique palais qui était devenu le principal sanctuaire du nouveau dieu Tayco-Sama. Mais bientôt les confédérés perdirent du temps, faute de s’entendre, et laissèrent leur ennemi se créer des intelligences parmi leurs principaux officiers ; le roi de Buygen, le roi d’Omura et le prince d’Omura passèrent aussi au parti de Daysu-Sama ; ainsi les princes chrétiens se trouvaient divivsés entre les deux camps.

À cette époque la religion fit une perte qui lui fut bien sensible. Jucondono, roi de Tango, attaché au parti du tuteur, avait laissé sa famille à Ozaca, en donnant ordre à son intendant de décapiter la reine et de brûler son palais, si la place était forcée par les ennemis. Les régents étant entrés à Ozaca voulurent s’emparer de la reine de Tango, comme d’un otage ; l’intendant fit alors part à sa maîtresse des ordres du roi, et cette princesse, qui était une des plus belles personnes et en même temps une des plus ferventes chrétiennes du Japon, s’y soumit immédiatement. Après avoir adressé sa prière au ciel et pardonné à ceux qui allaient la faire mourir, elle tendit elle-même son cou au cimeterre qui fit voler sa