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DU JAPON.

l’île de Xicoco, avait été jeté par la tempête dans le port de Macao, où il s’était brisé. Les Portugais s’empressèrent de recueillir les naufragés et d’équiper le meilleur bâtiment du port pour les reconduire à Nangazaqui, espérant, par cet acte de courtoisie, renouer leurs rapports avec le Japon ; mais les gouverneurs du port, après les avoir civilement remerciés, les avertirent de ne pas se donner une autre fois la peine de reconduire les Japonnais, si pareil accident se renouvelait. Une tentative que fit à cette époque M. Colbert, pour faire pénétrer le commerce français au Japon ne fut pas plus heureuse[1].

  1. Les Russes ont vainement essayé récemment de lier des relations commerciales avec le Japon. Ce fut en 1804 qu’une expédition officielle autorisée par le czar arriva à Nangazaqui. Le vaisseau russe fut mis aussitôt en séquestre, sans qu’aucun officier pût obtenir l’autorisation d’aller à terre. Ce ne fut qu’après bien des sollicitations que l’ambassadeur, M. Rosanoff, malade et ayant besoin de séjourner à terre, put être débarqué dans la petite île de Mégazaki, ou il fut parqué dans un enclos qui entourait sa maison et se prolongeait jusques assez avant dans la mer. Ainsi emprisonné et soumis à la plus intolérable surveillance, M. Rosanoff attendit pendant cinq mois la décision que l’empereur prendrait à son égard. Enfin un délégué de l’empereur arriva à Nangazaqui, muni de pleins pouvoirs pour traiter avec les Russes. Il était chargé de remettre à l’ambassadeur européen une note diplomatique, dans laquelle on lui rappelait les ordonnances des anciens empereurs qui avaient défendu aux Japonnais de sortir de l’empire et qui leur avaient interdit le négoce avec aucune autre nation que les Hollandais ; la pièce officielle, après s’être étendue sur ces préliminaires, se terminait