Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/259

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gnie ; je recompte ainsi dans ma chaise ce que je vous dois, parce que ce m’est un grand plaisir de vous devoir tant de toutes manières. Tant que vous vivrez, tant que je vivrai, je me dirai toujours, dans quelque situation que je me trouve : Il y a un Colombier dans le monde. Avant de vous connaître, je me disais : Si on me tourmente trop, je me tuerai. A présent je me dis : Si on me rend la vie trop dure, j’ai une retraite à Colombier.

« Que fait mistriss ? Est-ce que je l’aime encore ? Vous savez que ce n’est que pour vous, en vous, par vous et à cause de vous que je l’aime. Je lui sais gré d’avoir su vous faire passer quelques moments agréables, je l’aime d’être une ressource pour vous à Colombier ; mais si elle est saucy avec vous,

Then she may go a parking to England again.

Adieu tout mon intérêt alors, car ce n’est pas de l’amitié ; vous m’avez appris à apprécier les mots.

« Je lis en route un roman que j’avais déjà lu et dont je vous avais parlé : il est de l’auteur de Wilhelmina Ahrand[1]. Il me fait le plus grand plaisir, et je me dépite de temps en temps de ne pas le lire avec vous.

« Adieu, vous qui êtes meilleure que vous ne croyez (j’embrasserais madame de Montrond sur les deux joues pour cette expression). Je vous écrirai de Durbach après-demain, ou de Manheim dimanche,

H. B.


« … Dites, je vous prie, mille choses à M. de Charrière. Je crains toujours de le fatiguer en le remerciant. Sa manière d’obliger est si unie et si inmaniérée, qu’on croit toujours qu’il est tout simple d’abuser de ses bontés. »

  1. Il s’agit sans doute du roman de Herman und Ulrica.