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ces et à accroitre les jouissances de mes semblables ; et quand l’expérience m’aura prouvé que je ne pouvois rien pour eux ; quand, loin de me récompenser, ils m’auront puni de mes infructueux efforts, j’espère que l’âge aura glacé mes sens, mon activité, ma sensibilité, et que respirer encore, sans but, sans projet, sans espoir, presque sans mouvement, sera toute la jouissance que demandera un homme éteint en même tems que désabusé. Voilà, Monsieur l’Abbé, presque mot pour mot ce que Théobald a répondu à ma pensée. À l’avenir, sans lui objecter rien, j’entrerai dans ses bienfaisans projets et l’aiderai de mes conseils et de ma fortune. Adieu.

Ce 30 Novembre 1794.