Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
NOTICE.

Je n’entrerai pas dans le détail des différents ouvrages de madame de Charrière qui suivirent ; ils sont de toutes sortes et nombreux. L’inconvénient du manque d’art, et aussi (Caliste à part) du manque de succès central, s’y fait sentir. Elle compose pour elle et ses amis, au jour le jour, à bâtons rompus, c’est-à-dire qu’elle ne compose pas. La moindre circonstance de société, une lecture, une conversation du soir, fait naître un opuscule de quelques matinées, et qui s’achève à peine : ainsi se succèdent sous sa plume les petites comédies, les contes, les diminutifs de romans. Malgré mes soins sur les lieux, je ne me flatte pas d’avoir tout recueilli ; on en découvrait toujours quelque petit nouveau, inconnu ; la bibliographie de ses œuvres deviendrait une vraie érudition, et, s’il y avait aussi bien deux mille ans qu’elle fût morte, ce serait un vrai cas d’Académie des inscriptions que d’en pouvoir dresser une liste exacte et complète[1]. Nous n’en sommes pas là. Je m’en tiendrai pour l’ensemble au témoignage de madame Necker de Saussure, qui, étant encore enfant, vit un jour à Genève madame de Charrière, et fut fort frappée de la grâce de son esprit : « Ce souvenir,

    leur français, du français de Versailles que le sien, en vérité, comme pour madame de Flahaut. Elle ne paie en rien tribut au terroir… en rien. Pourtant je lis en un endroit de Caliste : Mon parent n’est plus si triste d’être marié, parce qu’il oublie qu’il le soit, au lieu de qu’il l’est. Toujours, toujours, si imperceptible qu’il se fasse, on retrouve le signe.

  1. Voici une liste approchante : Lettres Neuchateloises, 1784 ; — Caliste ou Lettres écrites de Lausanne, 1786 ; — Lettres de mistriss Henley, à la suite du Mari sentimental de M. de Constant, 1786 ; — Aiglouette et Insinuante, conte, 1791 ; — l’Émigré, comédie, 1793 ; — le Toi et Vous ;l’Enfant gâté ;Comment le nomme-t-on ? etc. ; — sous le nom de l’Abbé de La Tour : les Trois Femmes, 1797 ; Sainte-Anne ; Honorine d’Uzerche ; les Ruines d’Yedbury ; — Louise et Albert, ou le Danger d’être trop exigeant, 1803 ; — Sir Walter Finch et son fils William, 1806 : — le Noble, etc. etc. — On en trouverait d’autres qui n’ont jamais paru qu’en allemand ; il y a des lettres d’elle imprimées dans les œuvres posthumes de son traducteur, Louis-Ferdinand Herder : Tubingen. 1810).