devoient aymer ; car elle a faict qu’ès terres où il croist, il ne vient ny herbes, ny plantes, ny autre chose qui vaille, comme nous annonçant qu’ès esprits
où le desir de ce metail naistra, il ne demourera
aucune scintille
[1] d’honneur ny de vertu. Que
[2] se degrader jusques-là que de servir et demourer esclave de ce qui nous doibt estre subject : Apud sapientem divitiæ sunt in servitute, apud sultum in imperio
[3].
Car l’avare est aux richesses, non elles à
luy ; et il est dict avoir des biens comme la fievre, laquelle tient et gourmande l’homme, non luy elle. Que
d’aymer ce qui n’est bon, ny ne peust faire
l’homme bon, voire est commun et en la main
des plus meschans du monde, qui pervertissent
souvent les bonnes mœurs, n’amendent jamais
les mauvaises ; sans lesquelles tant de sages
ont rendu leur vie heureuse, et pour lesquelles
plusieurs meschans ont eu une mort malheureuse :
bref, attacher le vif avec le mort, comme
faisoit Mezentius
[4]
, pour le faire languir et plus
cruellement mourir, l’esprit avec l’excrement
et escume de la terre, et
embar-
- ↑ Etincelle, du latin scintilla.
- ↑ C'est-à-dire : « quelle folie que de dégrader, etc. » et plus bas : « quelle folie que d'aimer, etc. » Les mots quelle folie, sont sous-entendue, parce qu'ils ont été placés trois phrases plus haut.
- ↑ « La richesse est l'esclave du sage ; elle est le tyran de l'insensé ! »
- ↑ Le Mézence de l'Éneide.