Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (1).djvu/115

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« Nous nous référons, avec une confiance qu’aucun mécompte n’a pu affaiblir, aux favorables résultats obtenus par l’émancipation complète opérée aux îles d’Antigue et des Bermudes. Les mêmes résultats, nous le prévoyons, suivirent l’application de la même mesure à toutes nos possessions coloniales. Si nous avons des inquiétudes, elles ne portent pas sur l’entière liberté qui serait accordée, mais plutôt sur le refus qui en serait fait à une classe ou à une partie de la race noire. Les plus grands dangers qui menacent les colonies sont, nous le craignons, ceux qui naîtraient de l’affranchissement d’une partie des noirs apprentis, tandis que les autres en plus grand nombre, ayant les mêmes passions, unis par des liens naturels et soumis aux mêmes maux, resteraient plongés dans un esclavage ainsi aggravé. Dans les différentes colonies, des milliers de ces noirs n’appartenant pas à la culture, et d’abord destinés à obtenir leur liberté en 1838, sont maintenant, par la fraude et la cupidité des maîtres, relégués dans la classe moins favorisée des apprentis.

« Qu’il nous soit permis d’assurer Votre Seigneurie que, d’une extrémité à l’autre du Royaume-Uni, il n’y a qu’un cri d’indignation contre la manière honteuse dont la population noire est traitée par la législation colonial, par les magistrats spéciaux et les planteurs. Après le sacrifice de tant de millions, le peuple sent que les noirs de nos colonies sont devenus non sa propriété, mais les vrais enfants de la nation, et que c’est maintenant plus que jamais pour elle un devoir de les protéger contre l’outrage et l’injustice, et de les faire admettre sur-le-champ à la complète jouissance de tous les privilèges garantis par la constitution britannique.