Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/116

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CXIX.


Meint penible tourment nous espreuve et nous tente
Toutefois le plus grief est celuy de la mort,
Dont l'estrif violent est si promt & si fort
Que jusqu'au dernier point il nous presse & tourmente

Et comme fera donc la foible main tremblante
Du gendarme nouveau aus armes mal accort,
Qui jamais ne soustint le magnanime effort
Dont un brave guerrier l'ennemis violente ?

Par ainsi devons nous munir & preparer
Nos cuers à tel conflit, esquiver & parer
A ses cous hasardeus, puis nous aurons la gloire

D'avoir un fort vaincueur bravement soustenu,
Car combatre en camp clos un ennemis conneu,
Est un espoir certain de certaine victoire.


CXX.


Les fleurs ne meurent point, aincois elles flaistrissent
Pour un cinq ou six mois, & quant le beau Soleil
Rameine le Primtems de roses tout vermeil
Boutant hors de leur chasse elles se reverdissent :

Cependant nous voyons que les hommes viellissent
En moins de cinquante ans, & dormant un sommeil
Tardif & paresseus, sans espoir de resveil
Hors du tombeau poudreus jamais n'espanouissent

Des qu'unefois la mort nous à fillé les yeus
N'esperons de revoir la lumiere des cyeus,
L'esprit fuit hors du cors & jamais n'y retourne

Cependant que tu vis travaille en bien faisant,
Le tourment sans remede est triste & desplaisant
Trop tard on se repend quand la mort nous ajourne.