Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/110

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CVII.


Ne vaut il pas bien mieus avaler un breuvage
D’amertume confit, dont le goust desplaisant
Avecqu’un peu de mal chasse le mal cuisant,
Qui le cors affoiblis cruellement outrage :

Que boire le dous suc exprimé de l’herbage
D’une froide ciguë, ou Toxique nuisant,
Qui plaisant à humer, de son goust seduisant
Nous donne incontinant le sepulchre en partage ?

Pour attaindre, Mortel, à l’immortalité,
Il faut un peu souffrir, car la felicité
Sous ombre de salut à la mort nous convie.

Ainsi le bon soldat lequel à combattu
L’espace d’un moment en proüesse & vertu,
En recoit de l’honneur tout le long de la vie.


CVIII.


Ainsi comme de ceus qui meurent au Seigneur
La vie en JESUS-CHRIST est cachee & couverte
Qui reluira en luy & sera descouverte
Au jour calamiteus du jugement futur :

Ainsi la mort d’enfer est occulte au pecheur,
Que se baignant du monde en l’ordure funeste
La porte avecque soy, & sera manifeste
Au jour d’affiction, de misere, & d’horreur.

Ayons la mort de CHRIST en nos cors imprimee.
Et nostre ame sera de sa vie animee,
L’invocquant en tout tems, mesme dans le cercueil

Duquel il exhaussa la vois devotieuse
Du prophete englouti, tousjours pernicieuse
Est la mort du pecheur qui meurt de son orgueil.