Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CXXXV.


Comme nous vivrions tous en nostre premier pere
Si le vouloir de DEIU il n’eust point esbreché,
Nous mourons tous en luy depuis qu’il a peché,
Et vendus à la mort beuveons son vitupere.

Enfas d’ire conceus, au ventre de la mere
Du crime originel nostre esprit entasché
Ne pense rien de bon, si DIEU ne l’a touché
Qui par foy en son sang nos ames regenere

Asservi au peché le peché nous destruit,
Et le morceau glouton du dommageable fruit
Nous pend encore à tous à la bouche rebelle

Que si DIEU par la mort de son nouvel Adam
Ne nous rescussitoit, nouveau bourgeois d’Edem
D’ame & de cors seroit nostre cheute mortelle.


CXXXVI.


Donne l’enseigne au vent estendant tes conquestes
Du Midi jusque au Nort, & publiant tes loys
Au Ponant & Levant, fais trembler sous sa vois
Des potentas voisins les coronnes sujettes :

Tiens dans tes pors guerriers cent mille flottes prestes
Pour escorner l’orgueil des arrogans Chidnois,
Et mettant sous le joug les felons Japponnois
Despouilles les thresors des terres plus secrettes

Refrene le Francois, captive l’Alleman,
Supplante l’Espagnol, domte le Musulman,
Et porte en Italie & la peste, & la guerre

Si mourras-tu, chetif, & ne possederas
De tant de regions que tu delaisseras
Que le tour du tombeau, sept ou huit piés de terre.