Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CCXXVII.


TOUSJOURS des vens esmeus les soupirs mutinez
Soufflant diversement ne troublent de Neptune
De contraires effors la demeure commune,
Donnant quelque relasche à leurs cours forcenez :

D'eus mesmes se deffont les mal-heurs obstinez,
Et bien que la vertu demeure tousjours une
Entre les changements de l'instable fortune,
Tousjours ne sont heureus les hommes fortunez.

La vertu domte tout & parmi la tourmente
Des accidens mondains tranquille & permanente
Envoyee en exil ne bouge de son lieu.

Elle luit de soy-mesme & pour la calomnie
Des menteurs mesdisans sa fleur ne chet fanie
Fuyant l'extremité pour loger au milieu.


CCXXVIII.


L'OUVRIER qui tout pensif medite en ses espris,
Et constant au travail au travail persevere
Le retaste souvent souvent le reitere,
Paracheve à la fin le sujet entrepris ;

Par labeur assidu souvente fois repris
La charge trop pesante à porter est legere
Des explois hasardeus la constance severe
Met les difficultez plus grandes à mespris.

Sois constant à bien vivre & souvente fois pense,
Et repense à la mort, telle perseverance
Te disposera mieus à bien vivre & mourir.

Si le chemin des cyeus est un peu difficile,
Peu de louanges sort d'une chose facile,
Il faut pour un grand bien un grand mal encourir.