Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/387

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AU LECTEUR,
SONNET.


Je ne scaurois, Lecteur, au plus verd de mon àge
Que la barbe commence à me pendre au menton
Feindre la gravité d'un refrougné Caton
Aus yeus du populaire apparoissant trop sage

Avant le boute hors, trois fois en son courage
L'un machera ses mos, & marchant à taston
L'autre contrefera le severe Platon
Presumant de soy-mesme un petit davantage

Quant à moy je n'ay point tant de presomption
Que pour m'authoriser enflé d'ambition
Je veuille aucunement alterer ma nature

Je chante ici la mort & tel pense d'Amour
Me voir bien affolé, qui verra quelque jour
Que je pleure en riant nostre mesaventure.