Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/40

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XXV.


Presupposes, mortel, quant l’esclairante flame
De tes jours sera morte, Epicure pourceau
Que rien ne te survive, & que mesme tombeau
Que l'on prepare au cors, soit preparé à l'ame :

Et quant la froide mort deuvidera la trame
De tes jours passagers, qu'autre monde plus beau,
Autre estat, autre lieu, autre pays nouveau
Ne te sera donné sous la muette lame :

Presupposes, mortel, que ce que l'on te dit
De la vie ETERNELLE, est un contre à crédit,
Niant du tout la cause, & premiere, & seconde :

Si ne devrois tu pas de la mort avoir peur
Quant elle ne feroit, pour finit ton mal-heur
Seulement que te mettre hors des peines du monde.


XXVI.


L’un vit treslonguement, l’autre dés le berceau
Aussi tost mort que né dans la fosse devale,
L'un touche jusqu'au seuil de la viellesse palle,
L'autre au verd de ses jours tombe dans le tombeau :

Nous jours sans retourner s'ecoulent comme l'eau,
Nous sommes distinguez par certain intervalle
De vivre & de mourir, mais l'issue est egale,
Charon nous passe tous dans un mesme batteau.

Puisque donc il convient desloger de ce lieu
Apprens à bien mourir, c'est mourir selon DIEU
De mourir volontiers quand il nous le commande :

Qui tousjours à ses jours met la dernière main,
Celui franc des soucis du tardif lendemain
N'a que faire du tems, mais le tems il amende.