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6 octobre.

Triste et longue journée : la pluie n’a cessé de tomber à torrents, et chez moi le moral subit directement l’influence du ciel.

J’ai eu cependant tantôt une conversation amusante avec un Japonais, un lettré ou plutôt un poëte que j’ai trouvé discourant littérature ancienne avec l’abbé Mermet, l’infatigable travailleur de tous les moments du jour et même de la nuit : c’est, du reste, avec de pareils hommes que nos Missions catholiques arrivent aux résultats qu’elles obtiennent : Je m’étonnais, avec notre interprète, en raison de la communauté de souche, qui n’est pas contestable, de l’antipathie et même du dégoût que les Japonais affectent pour les Chinois, sentiments qui se traduisent jusque dans leurs rapports commerciaux, et j’en cherchais les motifs, lorsque son visiteur, s’étant fait traduire notre conversation qui lui paraissait animée, s’est chargé de me répondre par le petit récit suivant, tout parfumé de senteur orientale :

« C’est vrai, les Chinois sont nos frères, car nous sommes les fils de la même mère ; mais ce ne sont en que des bâtards, et voici pourquoi :