Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/318

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gravité, il l’a empruntée à la nature des circonstances au moins autant, qu’au principe lui-même.

Ainsi l’incendie de Youéne-Mynn-Youéne, le palais d’été de l’Empereur, est, à mes yeux, un acte que je n’hésite pas à qualifier de barbare, parce que nous sommes au dix-neuvième siècle et que, malgré moi, rapprochement fatal, il me ramène brusquement à ces Normands du neuvième, débarquant sur les rives de la Seine pour y brûler, saccager et se jeter ensuite dans leurs barques, chargés de butin.

De plus, dans la circonstance et politiquement parlant, un acte de ce genre était inutile ; il était dangereux ; parce que, prémédité et commis de sang-froid, bien que sous le coup d’un forfait odieux, mais d’un forfait déjà à moitié puni et expié, il était de nature à compromettre sinon à empêcher la conclusion de Traités devenus nécessaires, en effrayant le frère de l’Empereur, le prince Kong, seul trait d’union possible dans le moment, et en le faisant s’enfuir de Pé-king où les représentants des Puissances alliées se seraient alors trouvés en présence d’une population sans gouvernement et d’un hiver qui les condamnait à la retraite. Notre Ambassadeur a si bien pensé ainsi, qu’il est de notoriété publique que, lorsque son collègue d’Angleterre lui a communiqué ses intentions de