Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/69

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préoccupation, comme celle de ses officiers, paraissait être de savoir combien de jours nous comptions passer encore à Simoda ; aussi, dès qu’il a su que notre séjour ne se prolongerait pas au delà de deux jours, à moins d’incidents imprévus, s’est-il empressé, au nom du Gouverneur comme au sien, d’annoncer l’envoi à Yeddo d’un exprès qui préviendrait le gouvernement de l’arrivée de l’ambassade de France. D’après ce que nous savons déjà du mécanisme remarquable de la police politique au Japon, il n’est pas douteux que la chose ne soit ponctuellement faite ; ce qui, du reste, ne vient contrecarrer en rien les intentions du baron Gros, décidé qu’il est à ce que ses projets, comme ses actes, soient clairs, précis, nettement formulés : à sa place, je ne ferais pas autrement ; car c’est le caractère que doit toujours conserver la politique qu’il représente.

La journée est finie : elle a été pleine d’intérêt, mais aussi pleine de fatigue pour mon corps si souffrant depuis que nous avons quitté la Chine. Malgré toutes les curiosités qu’éveille chez moi l’inconnu qui se présente à mes yeux, j’ai de tristes heures où ma volonté a ses faiblesses ; car alors je songe à mes affections que j’ai dû quitter brusquement ; je songe à la distance si grande qui me sépare de mon pays et de mes habitudes, et je sens l’isolement