Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/80

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le cours d’eau qui l’arrose dans toute sa longueur. Rien de plus ravissant que cette vallée : c’est tout à la fois de la Suisse, du Tyrol et de la plaine la plus fertile de notre Occident ; de petites fermes construites en bois, d’une grande propreté, entourées de clôtures bien faites et de jardins potagers bien soignés ; des cascades naturelles, se répétant de distance en distance ; des champs de riz ou de plantes indigènes cultivés avec le plus grand soin ; le tout dominé magistralement par des montagnes aux pics abruptes qui viennent ajouter, par le contraste, au charme verdoyant de la vallée. Malgré sa bonne renommée, j’étais loin de m’attendre à de pareilles surprises au Japon.

Sur les côtes de la Chine, terrain d’alluvion généralement plat, les rizières, qui couvrent des espaces énormes, ont un aspect monotone et marécageux qui attriste l’œil, tandis qu’ici, échelonnées en amphithéâtre sur les versants des montagnes, elles forment de larges gradins de verdure du plus joli effet. Le riz est le froment de la Chine comme il est celui du Japon ; il est donc l’aliment indispensable, la raison première de l’existence et de la richesse de ces deux contrées : on serait presque tenté de l’appeler le froment aquatique de l’extrême Orient. Ce qui m’a frappé dans mon excursion de ce matin, c’est que le paysan japonais tire parti