Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/92

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complétement d’accord avec ce que l’ouvrage de Siebold et les renseignements récents de deux hommes compétents, MM. Harrys et Hewskin, m’avaient déjà appris sur la matière.

Les Japonais ont deux Empereurs : l’un spirituel, l’autre temporel. Le premier, qui porte le titre de Mi-ka-do, est la personnification la plus ancienne et la plus élevée de la tradition souveraine : il est le chef de la religion, mais reste complétement étranger aux affaires de l’État ; c’est une individualité mystique, gardée à vue à Miako, l’ancienne capitale de Nipon, dans un palais inviolable, et rendu invisible au peuple, qui, une seule fois par an, est admis à adorer la plante de ses pieds, à travers un plafond à claire-voie qui dérobe le reste de sa personne aux hommages de ses sujets.

Le second Empereur s’appelle indistinctement Taï-goun ou Sio-goun, selon qu’il est à la tête des affaires en temps de paix, ou qu’il commande l’armée en temps de guerre : le Taï-goun, c’est l’Empereur justicier ; le Sio-goun, c’est l’Empereur guerrier. Cette double dénomination, bien distincte, explique celles diversement données au même souverain dans tout ce qui a été écrit sur le Japon par les Portugais, les Hollandais, les Américains et les Russes.