Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 3.djvu/551

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PRÉFACE.


Dans l’Avertissement placé à la tête du premier volume des Œuvres complètes (édition de 1829), j’ai dit : « J’ai longtemps fait des vers avant de descendre à la prose. Ce n’étoit qu’avec regret que M. de Fontanes m’avait vu renoncer aux Muses : moi-même je ne les ai quittées que pour exprimer plus rapidement des vérités que je croyais utiles. »

Dans la Préface des ouvrages politiques, j’ai dit : « Les Muses furent l’objet du culte de ma jeunesse ; ensuite je continuai d’écrire en prose avec un penchant égal sur des sujets d’imagination, d’histoire, de politique et même de finances. Mon premier ouvrage, l’Essai historique, est un long traité d’histoire et de politique. Dans le Génie du Christianisme, la politique se retrouve partout, et je n’ai pu me défendre de l’introduire jusque dans l’Itinéraire et dans les Martyrs. Mais par l’impossibilité où sont les hommes d’accorder deux aptitudes à un même esprit, on ne voulut sortir pour moi du préjugé commun qu’à l’apparition de la Monarchie selon la Charte. »

Nous avez fait beaucoup de vers, me dira-t-on : soit ; mais sont-ils bons ? Voilà toute la question pour le public.

Je sais fort bien que ce n’est pas à moi, mais au public à trancher cette question. Je ne pourrois appuyer mes espérances que sur une autorité grave à la vérité, mais peut-être fascinée par les illusions de l’amitié Je vais pré-