Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/109

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la dernière sédition des Juifs, que Barcochebas, chef de cette sédition, avait persécuté les chrétiens pour les obliger à renoncer à leur culte136.

A peine l’Église juive de Jérusalem fut-elle dispersée par Adrien, l’an 137 de Jésus-Christ, que nous voyons commencer l’Église des Gentils dans la Ville sainte. Marc en fut le premier évêque, et Eusèbe nous donne la liste de ses successeurs, jusqu’au temps de Dioclétien. Ce furent : Cassien, Publius, Maxime, Julien, Caïus, Symmaque, Caïus II, Julien II, Capiton, Valens, Dolichien, Narcisse, le trentième après les apôtres137, Dius, Germanion, Gordius138, Alexandre139, Mazabane140, Hymenée141, Zabdas, Hermon142, dernier évêque avant la persécution de Dioclétien143.

Cependant Adrien, si zélé pour ses dieux, ne persécuta point les chrétiens, excepté ceux de Jérusalem, qu’il regarda sans doute comme des Juifs, et qui étaient en effet de nation israélite. On croit qu’il fut touché des apologies de Quadrat et d’Aristide144. Il écrivit même à Minucius Fundanus145, gouverneur d’Asie, une lettre dans laquelle il défend de punir les fidèles sans sujet146.

Il est probable que les Gentils convertis à la foi vécurent en paix dans Aelia, ou la nouvelle Jérusalem, jusqu’au règne de Dioclétien : cela devient évident par le catalogue des évêques de cette Église que j’ai donné plus haut. Lorsque Narcisse occupait la chaire épiscopale, les diacres manquèrent d’huile à la fête de Pâques147 : Narcisse fit à cette occasion un miracle148. Les chrétiens à cette époque célébraient donc publiquement leurs mystères à Jérusalem, il y avait donc des autels consacrés à leur culte.

Alexandre, autre évêque d’Aelia, sous le règne de l’empereur Sévère, fonda une bibliothèque dans son diocèse149 ; or, cela suppose paix, loisirs et prospérité : des proscrits n’ouvrent point une école publique de philosophie.