Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/112

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science s’ils n’eussent adoré Jésus-Christ dans les lieux mêmes où l’Evangile commença à briller du haut de la Croix. "

Saint Jérôme assure dans la même lettre qu’il venait à Jérusalem des pèlerins de l’Inde, de l’Ethiopie, de la Bretagne et de l’Hibernie169 ; qu’on les entendait chanter dans des langues diverses les louanges de Jésus-Christ autour de son tombeau. Il dit qu’on envoyait de toutes parts des aumônes au Calvaire ; il nomme les principaux lieux de dévotion de la Palestine, et il ajoute que dans la seule ville de Jérusalem il y avait tant de sanctuaires qu’on ne pouvait les parcourir dans un seul jour. Cette lettre est adressée à Marcelle, et censée écrite par sainte Paule et sainte Eustochie, quoique des manuscrits l’attribuent à saint Jérôme. Je demande si les fidèles, qui depuis les temps apostoliques jusqu’à la fin du IVe siècle avaient visité le tombeau du Sauveur, je demande s’ils ignoraient la place de ce tombeau.

Le même Père de l’Église, dans sa lettre à Eustochie sur la mort de Paule170, décrit ainsi les stations où la sainte dame romaine s’arrêta :

" Elle se prosterna, dit-il, devant la Croix au sommet du Calvaire ; elle embrassa au Saint-Sépulcre la pierre que l’ange avait dérangée lorsqu’il ouvrit le tombeau, et baisa surtout avec respect l’endroit touché par le corps de Jésus-Christ. Elle vit sur la montagne de Sion la colonne où le Sauveur avait été attaché et battu de verges : cette colonne soutenait alors le portique d’une église. Elle se fit conduire au lieu où les disciples étaient rassemblés lorsque le Saint-Esprit descendit sur eux. Elle se rendit ensuite à Bethléem, et s’arrêta en passant au sépulcre de Rachel. Elle adora la crèche du Messie, et il lui semblait y voir encore les mages et les pasteurs. A Bethphagé elle trouva le monument de Lazare et la maison de Marthe et de Marie. A Sychar elle admira une église bâtie sur le puits de Jacob, où Jésus-Christ parla à la Samaritaine ; enfin, elle trouva à Samarie le tombeau de saint Jean-Baptiste171. "

Cette lettre est de l’an 404 : il y a par conséquent 1406 ans qu’elle est écrite. On peut lire toutes les relations de la Terre