Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/300

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coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie 24. . "

A deux pas, vis à vis la crèche, est un autel qui occupe la place où Marie était assise lorsqu’elle présenta l’enfant des douleurs aux adorations des mages.

" Jésus étant donc né dans Bethléem, ville de la tribu de Juda, du temps du roi Hérode, des mages vinrent de l’Orient en Jérusalem.
" Et ils demandèrent : Où est le roi des Juifs qui est nouvellement né ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.
" (…)
" Et en même temps l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était l’enfant, elle s’y arrêta.
" Lorsqu’ils virent l’étoile ils furent tout transportés de joie :
" Et entrant dans la maison ils trouvèrent l’enfant avec Marie sa mère, et se prosternant en terre ils l’adorèrent ; puis ouvrant leurs trésors ils lui offrirent pour présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe 25. . "

Rien n’est plus agréable et plus dévot que cette église souterraine. Elle est enrichie de tableaux des écoles italienne et espagnole. Ces tableaux représentent les mystères de ces lieux, des Vierges et des Enfants d’après Raphael, des Annonciations, l’Adoration des Mages, la Venue des Pasteurs, et tous ces miracles mêlés de grandeur et d’innocence. Les ornements ordinaires de la crèche sont de satin bleu brodé en argent. L’encens fume sans cesse devant le berceau du Sauveur. J’ai entendu un orgue, fort bien touché, jouer à la messe les airs les plus doux et les plus tendres des meilleurs compositeurs d’Italie. Ces concerts charment l’Arabe chrétien qui, laissant paître ses chameaux, vient, comme les antiques bergers de Bethléem, adorer le Roi des rois dans sa crèche. J’ai vu cet habitant du désert communier à l’autel des Mages avec une ferveur, une pitié, une religion inconnues des chrétiens de l’Occident. " Nul endroit dans l’univers, dit le père Néret, n’inspire plus de dévotion… L’abord continuel des caravanes de toutes les nations chrétiennes… les prières publiques, les prosternations… la richesse même des présents que les princes chrétiens y ont envoyés… tout cela excite en votre âme des choses qui se font sentir beaucoup mieux qu’on ne peut les exprimer. "

Ajoutons qu’un contraste extraordinaire rend encore ces choses plus