Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/333

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et leur diamètre est presque toujours sans proportion avec leur hauteur. Quelques colonnes accouplées qui portent la frise du chœur sont toutefois d’un assez bon style. L’église étant haute et développée, les corniches se profilent à l’œil avec assez de grandeur ; mais comme depuis environ soixante ans on a surbaissé l’arcade qui sépare le chœur de la nef, le rayon horizontal est brisé, et l’on ne jouit plus de l’ensemble de la voûte.

L’église n’a point de péristyle on entre par deux portes latérales ; il n’y en a plus qu’une découverte. Ainsi le monument ne paraît pas avoir eu de décorations extérieures. Il est masqué d’ailleurs par les masures et par les couvents grecs qui sont accolés aux murailles.

Le petit monument de marbre qui couvre le Saint Sépulcre a la forme d’un catafalque orné d’arceaux demi-gothiques engagés dans les côtés-pleins de ce catafalque il s’élève élégamment sous le dôme qui l’éclaire, mais il est gâté par une chapelle massive que les Arméniens ont obtenu la permission de bâtir à l’une de ses extrémités. L’intérieur du catafalque offre un tombeau de marbre blanc tort simple, appuyé d’un côté au mur du monument, et servant d’autel aux religieux catholiques : c’est le tombeau de Jésus-Christ.

L’origine de l’église du Saint-Sépulcre est d’une haute antiquité. L’auteur de l’ Epitome des guerres sacrées ( Epitome Bellorum sacrorum) prétend que, quarante-six ans après la destruction de Jérusalem par Vespasien et Titus, les chrétiens obtinrent d’Adrien la permission de bâtir ou plutôt de rebâtir un temple sur le tombeau de leur Dieu et d’enfermer dans la nouvelle cité les autres lieux révérés des chrétiens. Il ajoute que ce temple fut agrandi et réparé par Hélène, mère de Constantin. Quaresmius combat cette opinion, " parce que, dit-il, les fidèles jusqu’au règne de Constantin n’eurent pas la permission d’élever de pareils temples. " Le savant religieux oublie qu’avant la persécution de Dioclétien les chrétiens possédaient de nombreuses églises et célébraient publiquement leurs mystères. Lactance et Eusèbe vantent à cette époque la richesse et le bonheur des fidèles.

D’autres auteurs dignes de foi, Sozomène dans le second livre de son Histoire, saint Jérôme dans ses Epîtres à Paulin et à Ruffin, Sévère, livre II, Nicéphore, livre XVIII, et Eusèbe dans la Vie de Constantin, nous apprennent que les païens entourèrent d’un mur les saints lieux ; qu’ils élevèrent sur le tombeau de Jésus-Christ une statue à Jupiter et une autre statue à Vénus sur le Calvaire ; qu’ils consacrèrent un bois à Adonis sur le berceau du Sauveur. Ces témoignages démontrent également l’antiquité du vrai culte à Jérusalem par la profanation