Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Toujours destinée à lutter contre l’idolâtrie et à vaincre les fausses religions, Jérusalem fut prise par Cosroès, roi des Perses, l’an 613 de Jésus-Christ. Les Juifs répandus dans la Judée achetèrent de ce prince quatre-vingt-dix mille prisonniers chrétiens, et les égorgèrent.

Héraclius battit Cosroès en 627, reconquit la vraie croix que le roi des Perses avait enlevée, et la reporta à Jérusalem.

Neuf ans après, le calife Omar, troisième successeur de Mahomet, s’empara de Jérusalem, après l’avoir assiégée pendant quatre mois : la Palestine, ainsi que l’Égypte, passa sous le joug du vainqueur.

Omar fut assassiné à Jérusalem en 643. L’établissement de plusieurs califats en Arabie et en Syrie, la chute de la dynastie des Ommiades et l’élévation de celle des Abassides, remplirent la Judée de troubles et de malheurs pendant plus de deux cents ans.

Ahmed, Turc Toulounide, qui de gouverneur de l’Égypte en était devenu le souverain, fit la conquête de Jérusalem en 868 ; mais son fils ayant été défait par les califes de Bagdad, la cité sainte retourna sous la puissance de ces califes, l’an 905 de notre ère.

Un nouveau Turc, nommé Mahomet-Ikhschid, s’étant à son tour emparé de l’Égypte, porta ses armes au dehors, et soumit Jérusalem l’an 936 de Jésus-Christ.

Les Fatimites, sortis des sables de Cyrène en 968, chassèrent les Ikhschidites de l’Égypte, et conquirent plusieurs villes de la Palestine.

Un autre Turc, du nom d’ Ortok, favorisé par les Seljoucides d’Alep, se rendit maître de Jérusalem en 984, et ses enfants y régnèrent après lui.

Mostali, calife d’Égypte, obligea les Ortokides à sortir de Jérusalem.

Hakem ou Hequem, successeur d’Aziz, second calife fatimite, persécuta les chrétiens à Jérusalem vers l’an 996, comme je l’ai déjà raconté en parlant de l’église du Saint-Sépulcre. Ce calife mourut en 1021

Meleschah, Turc Seljoucide, prit la sainte cité en 1076, et fit ravager tout le pays. Les Ortokides qui avaient été chassés de Jérusalem par le calife Mostali y rentrèrent, et s’y maintinrent contre Redouan, prince d’Alep. Mais ils en furent expulsés de nouveau par les Fatimites en 1076 : ceux-ci y régnaient encore lorsque les croisés parurent sur les frontières de la Palestine.

Les écrivains du XVIIIe siècle se sont plu à représenter les croisades sous un jour odieux. J’ai réclamé un des premiers contre cette ignorance ou cette injustice 29. . Les croisades ne furent des folies, comme