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40 REVOLUTIONS ANCIENNES.

a-t-il retrouvé la constitution naturelle, depuis si long-tems mise en oubli a ?

a Ce chapitre suffiroit seul pour prouver ce que j'ai avancé dans une des préfaces de cette édition com- plète de mes œuvres , savoir : que j'ai écrit sur la politique dans ma première jeunesse avec un goût aussi vif que sur des sujets d'imagination. Ce n'est donc pas , comme on a feint de le croire , la restauration qui m'a fait passer de la littérature à la politique.

On reconnoît encore ici les deux caractères qui distin- guent ma politique : elle est toujours de bonne foi, et toujours monarchique , bien que favorable à la liberté. Malgré l'admiration que je professois alors pour J.-J. Rousseau , je combats vigoureusement le système de son Contrat Social, et l'on va voir bientôt que cela me mène à conclure contre les républiques en faveur de la monar- chie constitutionnelle. Il est plaisant qu'on ait voulu faire de moi dans ces derniers temps un républicain , parce que j'ai dit que si l'on n'adoptoit pas franchement la monarchie représentative, on iroit se perdre dans la république ; vérité qui me paroît démontrée jusqu'à l'évidence. Le despotisme militaire pourroit peut-être subsister un moment , mais sa durée est impossible dans l'état actuel de nos mœurs. Si l'armée est nombreuse , elle a tous les sentiments de la nation ; si elle est foible , la population la domine et l'entraîne. N'est pas d'ailleurs despote militaire qui veut ; on ne le devient qu'à force de combats et de conquêtes : pour établir l'esclavage chez un peuple , il faut à ce peuple de la gloire ou des malheurs. Encore une fois, abandonnez la monarchie constitutionnelle , et vous tombez de force dans la ré- publique. Nouv. Ed.

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