Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

AV. J.-C. 584. = OL. 49. 71

deux bras qui eussent agi de concert. Chaque homme étoit lui tout seul une faction : et quoi- que tous s'harmoniassent de haine contre la dernière constitution , tous se divisoient d'a- mour sur le mode d'un régime nouveau 1 .

Dans cette extrémité , Solon cherchoit un honnête homme qui , en sacrifiant ses intérêts , pût rendre le calme à la république. Il s'imagina le trouver à la tête r du parti populaire; mais s'il se laissa tromper un moment par les dehors patriotiques de Pisistrate, il ne fut pas long- temps dans l'erreur. Il sentit que , de deux mo- tifs d'une action humaine, il faut s'efforcer de croire à la bonne et agir comme si on n'y croyoitpas. Le sage, qui connoissoit les cœurs , sut bientôt ce qu'il devoit penser d'un homme riche et de haute naissance, attaché à la cause du peuple. Malheureusement il le sut trop tard.

Sur le point de dénoncer la conspiration , il n'attendoit plus que de nouvelles lumières , lorsque Pisistrate se présente tout à coup sur la place publique , couvert de blessures qu'il s etoit adroitement faites 2 . Le peuple ému s'assemble en tumulte. Solon veut en vain faire entendre sa voix 3 . On insulte le vieillard, on frémit de

1 Plut. , in Solon. — 2 Herod., lib. i, cap. 59 et 64. J Plut. , in Solon.

�� �