Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

76 RÉVOLUTIONS APfCIENNES.

Hipparque insulté par Harmodius , jeune Athénien plein de courage , voulut s'en venger par un affront public , qu'il fit souffrir à la sœur de ce dernier 1 . Harmodius , la rage dans le cœur, résolut, avec Aristogiton, son ami, d'ar- racher le jour aux tyrans de sa patrie 2 . Il ne s'en ouvrit qu'à quelques personnes fidèles, comp- tant , au moment de l'entreprise , sur les prin- cipes des uns, les passions des autres, ou du moins sur ce plaisir secret qu'éprouvent les hommes à voir souffrir ceux qu'ils ont crus heureux. Par amour de l'humanité, il faut se donner de garde de remarquer que le vice et la vertu conduisent souvent aux mêmes résultats \

Le jour de l'exécution étant fixé à la fête des Panathénées , les assassins se rendirent au lieu désigné. Hipparque tomba sous leurs coups , mais son frère leur échappa. Heureux cepen- dant s'il eût partagé la même destinée! Aristo- giton, présenté à la torture, accusa faussement

1 Thucyd. , lib. vi , cap. 56\

2 Id. , ib. ; Plat, in Hipparch. , pag. 229,

a Cela est affreux , et n'a pu être arraché qu'à la mi- santhropie d'un jeune homme qui se croit près de mou- rir , et qui n'a éprouvé que des malheurs sans avoir rien fait pour les mériter. De pareils traits sont bien autre- ment condamnables que les sottes impiétés de Y Essai, qui n'étolent après tout que le sot esprit de mon siècle.

Nouv. Éd.

�� �