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94 RÉVOLUTIONS ANCIENNES.

privé de toute défense. D'un côté la mort assurée; de l'autre des troupes de volontaires, qui, fuyant la famine, la persécution et l'intolérance de l'in- térieur , vont chercher dans les armées , ivres de vin , de chansons i et de jeunesse, du pain et la liberté. Ce citoyen, la guillotine sous les yeux, et ne trouvant qu'un seul asile, part le désespoir dans le cœur. Bientôt rendu aux frontières , la né- cessité de défendre sa vie , le courage naturel au François, l'inconstance et l'enthousiasme dont son caractère est susceptible , la paie considérable a , la nourriture abondante , le tumulte , les dan- gers de la vie militaire , les femmes , le vin , et sa gaieté native , lui font oublier qu'il a été con- duit là malgré lui ; il devient un héros. Ainsi la persécution d'un côté et les récompenses de l'autre , créent par enchantement des armées. Car une fois les premiers exemples faits et les réquisitions obéies, les hommes, par une pente imita tive naturelle à leur cœur, s'empressent,

jusqu'à soixante. Dans le cas d'urgence, les rois et les éphores pouvoient mettre les chevaux, les esclaves, les chariots, etc., en réquisition. ( Voyez Plutarque et Xénophon. )

1 Les hymnes de Tyrtée à Sparte ; ceux de Lebrun et de Ché» nier en France.

a La paie est de trop : souvent les soldats républicains étoient sans paie et sans vêtements. Les fortunes militai- res n'ont commencé que sous l'empire. Nouv. Ed.

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