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104 REVOLUTIONS ANCIENNES.

ramener dans l'Europe les mœurs antiques 1 . Par cette légère esquisse, j'ai essayé de donner un fil aux écrivains qui viendront après moi. Que de choses me resteroient encore à dire î mais le temps, ma santé, ma manière, tout me précipite vers la fin de cet ouvrage.

Ainsi, dès notre premier début dans la car- rière , tout fourmille autour de nous de leçons et d'exemples. Déjà Athènes nous a montré nos factions dans le règne de Pisistrate et la ca- tastrophe de ses fils ; Sparte vient de nous offrir dans ses lois des origines étonnantes. Plus nous

��1 Que ceci soit dit sans prétendre insulter aux gens de lettres de France. La différence d'opinions ne m'empêchera jamais de respecter les talents. Quand il n'y auroit que les rapports que j'ai entretenus autrefois avec plusieurs de ces hommes célèbres , c'en seroit assez pour me commander la décence. Je me souviendrai toujours avec reconnoissance que quelques-uns d'entre eux , qui jouissent ajuste titre d'une grande réputation , tels que M. de La Harpe , ont bien voulu , en des jours plus heureux , encoura- ger les foibles essais d'un jeune homme qui n'avoit d'autre mérite qu'un peu de sensibilité. Le malheur rend injuste. Nous autres émigrés avons tort de déprécier la littérature de France. Outre l'auteur que je viens de nommer , on y compte encore Bernardin de Saint-Pierre , Marmontel , Fontanes , Parny , Lebrun , Gin- guené ,' Flins, Lemière , Collin d'Harleville , etc. , etc. J'avoue que ce n'est pas sans émotion que je rappelle ici ces noms , dont la plupart reportent à ma mémoire d'anciennes liaisons et des temps de bonheur qui ne reviendront plus. Je remarque avec plaisir que MM. Fontanes, Lebrun et plusieurs autres, semblent avoir redoublé de talents en proportion des maux quiaffligentleurs compatriotes. On diroit que ce seroit le sort de la poésie , que de

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