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116 REVOLUTIONS ANCIENNES.

nouvelle, le Camoëns au Portugal, Ercilla à l'Espagne, Miltonà l'Angleterre, Voltaire a la France , Klopstock à l'Allemagne : il n'a pas be- soin de mes éloges.

Pour nous le côté intéressant des poëmes de ce sublime génie , est leur action sur la liberté de la Grèce. Lycurgue les apporta à Sparte 1 et vou- lut que ses compatriotes y puisassent cet enthou- siasme guerrier qui met les peuples à l'abri de la servitude étrangère. Solon fit des lois expresses en faveur de ce même Homère 2 qui , comme his- torien, ne s'offre pas sous des rapports moins pré- cieux. Aux seuls Athéniens il donne le nom de peuple, aux Scythes l'appellation des plus justes des hommes 3 , et souvent caractérise ainsi par un seul trait, la politique et la morale de l'antiquité. Les ouvrages d'Hésiode sont pleins des plus excellentes maximes. Le poëte ne voyoit pas les hommes sous des couleurs riantes. Il respire cette mélancolie antique qui semble être le par- tage des grands génies. On sait que Virgile a puisé dans les Travaux et les Jours , l'idée de ses Gèorgiques 4 . C'est de la belle description de l'Age d'Or 5 qu'il a tiré ce morceau ravissant :

O fortunatos nimiùm , sua si bona norint , Agricolas !

1 Plut. , in Lyc. — 2 Laert. , in Solon. — 3 II. , lib. rv . 4 Georg. , lib. n, v, 176. — 5 Hesiod. , Oper. et Dies.

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