Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/28

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viij PREFACE.

même, k Attaqué d'une maladie qui me laisse )> peu d'espoir, je vois les objets d'un œil » tranquille. L'air calme de la tombe se fait » sentir au voyageur qui n'en est plus qu'à » quelques journées. » J etois encore obligé de raconter ces faits personnels, pour qu'ils servissent d'excuse au ton de misanthropie répandu dans Y Essai : l'amertume de cer- taines réflexions n'étonnera plus. Un écri- vain qui croyoit toucher au terme de la vie , et qui , dans le dénûment de son exil , n'avoit pour table que la pierre de son tombeau , ne pôuvoit guère promener des regards riants sur le monde. Il faut lui par- donner de s'être abandonné quelquefois aux préjugés du malheur , car le malheur a ses injustices , comme le bonheur a sa dureté et ses ingratitudes. En se plaçant donc dans la position où j'étois lorsque je composai Y Essai , un lecteur impartial me passera bien des choses.

Cet ouvrage, si peu répandu en France, ne fut pas cependant tout-à-fait ignoré en Angleterre et en Allemagne ; il fut même question de le traduire dans ces deux pays , ainsi qu'on l'apprend par la Notice : ces tra- ductions commencées n'ont point paru. Le libraire de BofFe, éditeur de Y Essai, en An-

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